Famille homoparentale : le développement de l’enfant en jeu ?

Le préjugé de certains parents selon lequel grandir dans une famille homoparentale porte préjudice est discutable. De nombreuses études réalisées sur les enfants de couples du même sexe en parlent.

Le mariage homosexuel donne droit à la parentalité. Pour cela, un couple de femmes ou d’hommes doit simplement établir un lien de filiation légale avec l’enfant. La question se pose alors de savoir comment celui-ci évolue au sein de sa famille. Est-ce que le fait d’être élevé par un couple gay, des mères lesbiennes ou même un parent homosexuel perturbe son équilibre ?

De nombreuses études scientifiques ont été menées sur le sujet et semblent indiquer que l’homoparentalité ne nuit pas au développement des enfants. Contrairement aux idées reçues, avoir des parents de même sexe est loin de constituer un handicap. Tout porte même à croire qu’un enfant issu d’une famille homoparentale jouirait de certains atouts. Explications.

Entre 31 000 et 45 000 enfants vivent avec des parents homosexuels en France

C’est ce qu’a indiqué Nicolas Faget en 2019. Il s’agit du porte-parole de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), œuvrant pour la reconnaissance de l’homoparentalité. Les chiffres officiels publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en revanche faisaient état d’environ 31 000 enfants. Parmi eux, on comptait 26 000 mineurs.

Si les chiffres de l’Insee ne relatent pas la réalité, c’est parce qu’ils ne tiennent pas compte des différentes situations d’homoparentalité. Le père gay ou la mère lesbienne célibataire qui vit avec son enfant par exemple n’est pas pris en considération.

Concernant la filiation, elle peut être naturelle, adoptive ou artificielle. Bon nombre de couples homosexuels ont effectivement des enfants nés d’une précédente union hétérosexuelle. D’autres, en revanche, ont recours à l’adoption ou à la gestation pour autrui (GPA) pour fonder une famille, plus particulièrement les couples gays. Quant aux lesbiennes qui désirent être mères, elles peuvent en outre envisager la procréation médicalement assistée (PMA) depuis 2021. Autant de démarches qui peuvent s’avérer compliquées, très longues, très coûteuses et qui sont le plus souvent entreprises à l’étranger.

Comment les couples de même sexe fondent-ils une famille avec enfants ?

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Le modèle de la famille homoparentale continue d’alimenter les polémiques

Alors que de plus en plus de pays reconnaissent aujourd’hui les droits LGBTQ+, certains les nient. En Italie, par exemple, le gouvernement a pris une mesure ouvertement avant-gardiste le 13 mars dernier. Il a demandé à la ville de Milan de ne plus enregistrer à l’état civil les enfants nés d’une GPA afin d’empêcher toute filiation artificielle. Cette année, les députés italiens ont déposé un projet de loi anti-gay qui passera devant le Sénat.

En France, le mouvement de la Manif pour Tous clame haut et fort qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour bien grandir. Certains opposants à la PMA pour toutes les femmes tiennent aussi des propos similaires. On cite entre autres l’Académie de médecine, qui avance que le modèle de famille homoparentale menace le développement psychologique des enfants conçus par PMA. Notamment lorsque des mères lesbiennes les élèvent. C’est ce qu’elle a indiqué dans un avis rendu public le 21 septembre 2019.

En somme, beaucoup pensent que l’orientation sexuelle des parents porte préjudice à l’épanouissement de l’enfant. Ce n’est pourtant pas ce qui ressort des nombreuses recherches effectuées sur l’homoparentalité depuis les années 1970. On cite notamment les travaux d’Olivier Vecho, enseignant-chercheur en psychologie à l’Université Paris-Nanterre. Ou encore ceux des chercheurs de l’Université médicale de Guangxi (Chine) et de la Duke University School of Medicine (États-Unis).

L’homoparentalité ne nuit pas au développement de l’enfant, selon maintes études

Pour savoir si le fait d’avoir des parents de même sexe peut générer des troubles du comportement, Olivier Vecho s’est penché sur une centaine d’études.

Quant à l’étude menée par les chercheurs chinois et américains, elle se base sur 34 études publiées entre 1988 et 2022. Celles-ci proviennent des pays où le droit des homosexuels est reconnu et où le climat social leur est favorable. D’ailleurs, certaines d’entre elles portent sur des enfants élevés par des couples bisexuels, queer et transgenres. Présentée dans la revue BMJ Global Health, l’étude en question aborde plusieurs thèmes, notamment :

  • L’adaptation psychologique de l’enfant ;
  • L’identité de genre ;
  • La santé mentale des parents ;
  • Les relations parents-enfants ;
  • La satisfaction de la relation de couple ;
  • Le fonctionnement familial ;
  • Le soutien social.

Ces recherches ont permis de conclure qu’un enfant qui a grandi dans une famille monoparentale est tout à fait comme les autres enfants. Ce qui compte, ce n’est pas la structure de la famille, mais la qualité des relations au sein du couple parental.

Enfin, il faut cesser de croire qu’une mère lesbienne ne peut pas faire preuve d’autorité. Ou qu’un père gay n’est pas en mesure d’apporter de l’affection à leur enfant. Chaque parent peut apporter un équilibre à son enfant. De plus, celui-ci est entouré de référents masculins ou féminins auxquels il peut s’identifier dans son environnement.

Dans certains domaines, les enfants des couples homosexuels sont même avantagés

Dans le cadre des études susmentionnées, les chercheurs ont comparé les enfants des couples homosexuels avec ceux des autres familles. Contre toute attente, ceux de Guangxi Medical University (GXMU) et de la Duke University School of Medicine ont observé de meilleurs résultats dans certains domaines.

À savoir l’adaptation psychologique des enfants (en particulier ceux en âge préscolaire) et les relations parents-enfants. Ils ont par ailleurs découvert que ces enfants font davantage preuve de tolérance à l’égard de la diversité. Ils ont en outre remarqué qu’une fille ou un garçon qui a été élevé.e dans une famille monoparentale s’avère très attentionné envers les tout-petits. C’est tout le contraire chez les enfants des parents hétérosexuels.

Est-ce que les enfants issus d'une famille homoparentale sont-ils différents des autres ?

De son côté, Olivier Vecho s’est intéressé aux compétences de ces enfants sur le plan social et à leur estime de soi. Là encore, l’hypothèse selon laquelle ces enfants pourraient avoir du mal à socialiser avec leurs pairs (ou seraient complexés) est réfutée.

Certes, le regard des autres peut être difficile à supporter, mais les comportements hostiles envers les familles homoparentales sont assez marginaux. Autrement dit, les enfants élevés par des parents de même sexe n’ont pas l’impression d’être différents.

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